.............."Dites-moi, Bôzes, vous qui savez tout, qui est-ce qui tire les ficelles?" Maximilien s'était approché de la fenêtre, il se penchait un peu du côté de la rue, regardait sans voir.

..............Bôzes avait l'habitude. Quand les énarques du service donnaient leur langue au chat sur des rapports interminables, le ministre s'affolait le mardi. Le Président se tournerait de son côté avec l'air de ne pas y toucher, attendrait l'instant précis de la fin du Conseil, quand les mains droites tiennent les porte-documents : " Maximilien je veux tout savoir sur cette connerie, on se voit demain à neuf heures..."

..............Bôzes rentrait de Pyong-Yang, un circuit par Tachkent, Séoul et New-Delhi pour avoir l'air très occupé, il s'était fait remarquer en compagnie de quelques universitaires. Ca l'agaçait tous ces chercheurs qui fuient l'hexagone pour gagner plus que des taxis de province. Maximilien avait les traits tirés. Sur le bureau, des courriers sur la protection des scarabées du Morvan, en réalité l'expropriation contestée d'un ressortissant d'amérique centrale très influent sur le marché des ciments. Il tendit une feuille pliée en quatre.

.............."C'est qui ce con?, dit le Ministre, trouvez lui un centre culturel pourri ou virez-le en IUFM... Maintenant dites-moi ce que je vais faire avec cette lettre... Vous avez compris qu'ils lâcheront l'uranium contre plusieurs tonnes d'héroïne... Je ne vais tout de même pas dévaliser les douanes avec des plongeurs démineurs et organiser l'échange sur un pinardier dans le port de Sète... " "Maximilien, tant que vous ne faites pas bouger les excités des Droits de l'Homme et que vous prévenez Chenney de ce qui se passe, personne ne nous mettra de bâtons dans les roues. Ceux du Mossad sont au courant, Hellmer a déjà trafiqué avec les iraniens. Le cargo coulera au bon moment, tout est prévu pour que ça se passe par 9000 mètres de fond. Personne ne voit de mal à ce que vous remettiez la came en circulation proprement et en partageant comme c'était prévu à Seattle. Bôzes n'était pas mécontent de son petit discours. Leurs relations étaient bien rôdées. Maximilien n'avait pas d'ambitions excessives: une retraite à 10000 euros par mois, un moulin pour sa rombière...

"Vous direz au Président qu'il peut foncer sur la taxe Tobin, que tout le monde est d'accord sur la solution de rechange puisque les coréens ont fait leur choix."